InSomnolence

OEUVRES

1000+1 RÊves

Henry Tan + Ding Yun Huang

À travers l’exploration de différentes techniques et exercices, les artistes Henry Tan et Ding Yun Huang s’interroge sur les manières possibles de démontrer que le sommeil est plus social qu’il n’y paraît.

 

Pour Tan, « être libre de rêver semble être l’ultime utopie ». Face aux exigences de la vie moderne, le sommeil est un espace de répit, tel un « bouton pause » permettant de reprendre courage, d’affronter les difficultés ou de développer son imagination. Tan réfère à la narration, à la critique sociale et à l’expérimentation thérapeutique tout en s’inspirant des rituels de la mythologie asiatique, à la recherche de techniques de synchronisation du cerveau et des rêves.

 

Huang s’empare quant à lui du potentiel de transformation des espaces théâtraux pour créer des sites de rassemblement nocturnes et des rites collectifs de sommeil et d’action politique.

 

Dans le célèbre conte, Shéhérazade raconte des histoires pendant 1001 nuits pour sauver sa vie. Dans 1000+1 rêves, Tan et Huang se racontent les histoires dont ils ont besoin pour survivre. Cette installation vidéo à deux canaux est née de la tentative de Tan et Huang de synchroniser leurs rêves entre Taïwan et Bangkok. Pendant des semaines, ils discutent par appels vidéo avant de s’endormir, partageant leurs expériences respectives en matière de sommeil et de rêves. Ils ont intimement discuté d’à peu près tout : des expériences brutes aux souvenirs, en passant par leurs aspirations personnelles. La pratique répétitive montre la possibilité de se rencontrer dans le rêve grâce au renforcement de la mémoire et à l’incubation du rêve par la pratique quotidienne. L’écran devient une membrane perméable au partage réparateur.

chute(sss)

Yoojin Lee

Que signifie s’endormir, tomber endormi? Pour certain.e.s, ce moment précis s’apparente au fait de tomber amoureux ou amoureuse : l’endormissement est bienvenu, délicieux, désirable… facile. Pour d’autres, le sommeil peut représenter un espace de risque. Pensons par exemple à la chute sans atterrissage d’une personne souffrant d’insomnie; à la danse cataplectique d’un.e personne avec narcolepsie, qui se retrouve sans crier gare à la limite du sommeil; au sentiment de honte qui se manifeste si souvent au sortir d’un sommeil en public. Bref, sur une planète de dormeurs et de dormeuses, la profondeur et la grâce du repos ne sont pas les mêmes pour tous et toutes : nos différences et nos expériences respectives nous font valser entre risque et soulagement. « C’est ma chute, mais aussi ma libération », résume Yoojin Lee.

 

Dans chute(sss), l’artiste accueille les conditions d'(in)activité et d'(in)productivité à travers la lenteur, la paresse et le sommeil. L’installation a été élaborée à partir d’ateliers au cours desquels les participant.e.s ont expérimenté des chutes « langoureuses » à partir d’une position verticale; d’abord seul.e.s avec un oreiller, puis dans des assemblages collectifs. chute(sss) crée les conditions d’une infrastructure de la chute et d’un imaginaire collectif de nos conditions de chute partagées.

 

Dans cette optique, l’œuvre invite à réfléchir : À quoi ressemblerait un monde (re)construit à l’image de la chute? Comment prenons-nous soin des chutes des un.e.s et des autres? Qu’est-ce qui permet de supporter le poids de la chute et d’adoucir l’atterrissage? Comment retrouver le sol, encore et encore, rituellement ou différemment? Qu’est-ce que le sentiment de chute? De quoi auriez-vous besoin pour tomber plus aisément dans l’espace du sommeil, pour atteindre un état de grâce?

dans mes rêves

Dayna McLeod

Vous êtes-vous déjà demandé s’il était possible d’entrer dans le monde onirique de quelqu’un d’autre ? Avez-vous déjà souhaité contrôler ou modifier vos rêves ?

 

Nous blâmons le temps passé devant notre écran pour expliquer une baisse d’attention ou une détérioration de la qualité de notre sommeil. Paradoxalement, nous nous tournons aussi vers le web pour trouver des techniques de relaxation accessibles. De plus en plus, les applications d’analyse du sommeil surveillent notre corps au repos. En apparence pour notre bien,  ces comportements liés à un contexte consumériste profitent trop souvent à des industries pharmaceutiques et informatiques extractives.

 

L’artiste Dayna McLeod propose ici une immersion ludique au cœur de son sommeil perturbé par les terreurs nocturnes et le somnambulisme, des troubles qu’elle a explorés auparavant dans le cadre de Restless [littéralement : Sans repos] (2021). Chaise aux rêves vous invite à adopter la posture allongée, tant associée à la psychanalyse. En transposant le concept dans la sphère de l’art, McLeod se le réapproprie afin d’instaurer un dialogue sur les impératifs de performance liés aux médias sociaux, où il fait bon de tout montrer. Le paysage imaginaire de McLeod défile sur deux écrans. Sur l’un d’eux, DaynAI, l’avatar de McLeod (son « soi rêvé »), parle des aspérités de l’intelligence artificielle et du surréalisme des filtres TikTok. Sur l’autre, une série de rêves dont McLeod se souvient sont réanimés grâce à des générateurs intelligents d’images méditatives. Entre travail et repos, vie publique et intimité, Chaise aux rêves vous permet enfin d’entrer dans les rêves d’autrui. Sur cette chaise, qui rêve vraiment ?

LA Lanterne

Natalie Fizer, Richard Sommer, Henry Tan + Ding Yun Huang

Alors qu’autrefois le soleil et la lune rythmaient nos existences entre lumière et obscurité, l’électrification a contribué à la diminution d’expériences nocturnes partagées.

 

Fruit d’un processus de cocréation, La Lanterne propose une nouvelle forme de ritualisation de l’état liminal entre la veille et le rêve. Expérience onirique collective qui se déploie à travers les différentes temporalités du sommeil, cette cérémonie enveloppante repose sur l’étrange mariage de figures mythologiques.

 

Au sein des traditions hindoues et bouddhistes, Naga est un être d’une grande sagesse représentant le cycle de la vie et de la mort. Gardien des trésors du monde aquatique souterrain, il est vénéré en tant que symbole de pouvoir, de protection et de transformation. Dans la Grèce antique, l’abaton – la chambre la plus intime du sanctuaire Asklépiéion – réunit les visiteurs et visiteuses, qui dorment ensemble pour « incuber » des rêves prophétiques et chercher la guérison auprès d’esprits « incubes », abandonnant derrière eux et elles les traces de leur rencontre. Ces moments partagés de retraite et de restauration favorisent la guérison commune et l’émergence d’un rêve collectif pour l’avenir.

 

S’inspirant de ces traditions, le rituel de La Lanterne s’accomplit dans une chambre repliée dans la pénombre. Les visiteuses et visiteurs sont invité.e.s à monter sur la mezzanine, à choisir une amulette d’induction du sommeil, fabriquée à partir des rêves des étudiants conteurs et étudiantes conteuses, et à se rassembler au seuil de la pièce.

 

Ce projet a été produit en collaborationa avec les étudiant.e.s de cycle supérieur suivant, dans le cadre d’un séminaire à la Daniels Faculty of Architecture de l’Université de Torotnto Bianca Mori-Maurelli, Maxen Wang, Lensa Baker, Chanel Chin, Haseena Doost, Jannace Bond, Matthew Jin, Melisa Mahecha, Nashaat Rahman, Kelly Tse, Michaela Tsvetkova, Suzan Ye Htwe, Dara Abu Khajil, Harir Goodarznia, Caleigh MacDonald, Julia Miclaus, Olivia Loncar-Bartolini, Yipeng Huang, Ho Yeung Miu, Eric Wang, Ariana Fernandez Chesquin, Nikolas Giatzoylou, Michelle Ng, Thomas Tencer.

Le travail du sommeil

Ilona Gaynor

La vidéo d’Ilona Gaynor, Le travail du sommeil, se déroule « en temps réel » sur une durée correspondant à la « dose journalière recommandée » par la National Sleep Foundation, soit huit heures de sommeil ininterrompu. Ainsi, l’expérience du visionnement d’une vidéo de cette durée pourrait fort bien s’apparenter à l’enchainement indiscipliné et élastique des nombreux rythmes du sommeil.

 

Dans le cadre de sa recherche, Gaynor cherche à créer des conditions permettant de mettre en images et de rendre visible ce qui reste souvent caché. Elle collabore avec des organisations en utilisant les pratiques de design comme base pour raconter visuellement la façon dont le monde est ordonné. Ici, elle se tourne vers l’industrie hôtelière pour examiner « les répercussions du capitalisme sur le sommeil : socialement, culturellement et économiquement, en se concentrant spécifiquement sur une industrie dont le sommeil constitue la source principale de revenu ». Le travail des employé.e.s d’hôtel, la préparation discrète d’espaces de repos passager, est mis en lumière par le film de Gaynor. Ainsi, c’est à travers les yeux des travailleurs invisibles que nous passons la nuit à l’hôtel. Le travail du sommeil résume ainsi en un seul lieu le célèbre slogan de Robert Owens au XIXe siècle : « Huit heures de travail, huit heures de récréation, huit heures de repos ».

 

L’environnement de sommeil particulier, quoique courant, de l’hôtel est souvent à l’origine de « l’effet première nuit », un mauvais sommeil la première nuit dans un lieu inconnu, une insomnie spécifique favorisée par la fréquence des voyages internationaux et la mobilité professionnelle contemporaine. Les voyageurs d’affaires sont un pilier des hôtels : un.e travailleur.euse essaie de dormir dans un lit préparé par un.e autre. Pour les passagers insomniaques, Gaynor a réalisé une vidéo que vous pourriez trouver sur tout écran plat de n’importe quelle chaîne hôtelière multinationale anonyme, dont le but exprès est de vous endormir. Ici, le sommeil et le travail se rencontrent sous le signe de la durée et de l’endurance, temporalités dont nous faisons trop rarement l’expérience en galerie.

morphai

Yiou Wang

Qu’est-ce qu’un « soi endormi » ? Dans nos rêves, nous pouvons être étrangers à nous-mêmes – « c’était moi mais ce n’était pas vraiment moi » – ce qui fait écho au concept d’inquiétante étrangeté développé par Freud.

 

Avec Morphai, Yiou Wang explore la relation à son « soi endormi » et réfute l’interprétation selon laquelle le royaume du sommeil est dépourvu d’agentivité, notant que « dans le sommeil, nous revêtons une autre forme, comme dans le mythe du dieu grec des rêves, Morphée – le morphai ».

 

La boîte noire constituée d’un lit entouré de rideaux conserve une aura de mystère : elle protège les personnes endormies à l’intérieur (les performeuses Dayna McLeod et Laurie-Anne Gosselin) tandis qu’un avatar reproduit leurs mouvements somnambuliques à l’écran. L’avatar est piloté par les données biométriques recueillies au moyen de capteurs posés sur leurs corps.

 

Pour Wang, « Morphai n’est pas seulement un avatar, c’est aussi une tentative d’encapsuler la personne que nous sommes lorsque nous dormons. Cet alter ego existe en dehors de l’individualisme occidental qui reconnaît une personne comme ayant un corps et une âme… L’avatar atterrit dans un endroit étrange de la conscience, personnifiant la synchronicité corps-esprit ».

 

Mort

Paul Litherland

Un jeune homme se repose dans une caisse en bois. En 1993, le photographe Paul Litherland s’imagine lui-même « tel qu’il pourrait être ». Trente ans plus tard, cette image s’inscrit dans la longue tradition qui assimile le sommeil à la mort – ce que Cressida Heyes appelle l’« anesthétique de l’existence ». La caisse préfigure-t-elle les « capsules de sommeil » modernes, qui répondent somme toute minimalement à notre besoin de repos et de rêve ? Comme la mort, l’autoportrait du sommeil procède d’un point de vue spéculatif. Cependant, la lumière sur le visage du personnage est douce; elle l’éclaire d’un voile léger, délicatement suspendu, entre exposition et discrétion.

 

Si plusieurs artistes ont intégré les performances de repos prolongé dans les galeries, au cours des dernières années, ils et elles se sont également vu.e.s confronté.e.s au sommeil tourmenté de la précarité. À Montréal, la spéculation immobilière, l’embourgeoisement et la rareté des logements et des studios abordables modifient radicalement la rencontre entre l’art, la vie, le travail et le repos.

 

Ainsi, nous posons de nouveau le regard sur la photographie de Litherland. Dans le cadre du sous-thème « Repos durables » de l’exposition, nous lui avons demandé, comme aux autres artistes, de revisiter l’une de ses œuvres afin d’explorer ce dont nous avons besoin pour un sommeil qui nourrit la vie créative. Le travail de l’artiste a longtemps été considéré comme indissociable du travail de la rêverie. De là, plusieurs questions émergent :

 

Comment le « travail du sommeil » – dans des contextes où le repos implique souvent un travail non rémunéré (la cueillette de données, par exemple) – fait-il écho au « travail créatif » de l’artiste, souvent sous-rémunéré ? Comment la durabilité traverse-t-elle les sites de création et de crise, sous différentes formes, pour relier les caractères de la lenteur, du repos et du confort à l’écologie, à la réutilisation, au risque et à la survie ?

 

Nous vous invitons à écouter un entretien avec Litherland autour de ces questions, tracées sur la carte qui l’accompagne. Et pour en savoir plus sur le sommeil et le développement durable, vous pouvez visionner la vidéo de la table ronde « Hot Takes : Changement climatique et sommeil », diffusée sur notre site web.

Radio Insomnia

Anabelle Lacroix + Nicolas Montgermont

L’insomnie est un état d’exception que tout le monde connaît un jour ou l’autre : du travailleur en rotation, au parent à la merci des nouveaux rythmes de leur bébé, de l’âme anxieuse au « procrastinateur revanchard » au noctambule calme. En cas de crise, la nuit est le premier moment sacrifié sur l’autel de la sociabilité respectable et de la chrononormativité, sans cesse associées à la déviance et aux comportements lamentables. À la recherche d’un bon sommeil, voici quelques propositions pour cultiver l’éveil nocturne et sa nécessaire contrepartie, la somnolence diurne, qui ne sont pas en soi une perversion de la nature humaine… Mais pour ceux et celles d’entre nous pour qui la nuit tient le sommeil à distance, par volonté ou par soumission impuissante, Radio Insomnia chante les aspects politiques et poétiques de la veille et de l’insomnie. Anabelle Lacroix et Nicolas Montgermont ont rassemblé les sons du non-sommeil sous la forme d’une station d’écoute permanente pendant toute la durée d’InSomnolence, et d’un événement en direct sur deux nuits (7-8 juillet) : en ligne et sur les ondes les deux nuits, et une nuit blanche en personne à l’Agora le 8 juillet. Radio Insomnia est un programme d’œuvres sonores issues d’un appel ouvert – interviews, musique, bruits expérimentaux, tables rondes, récits, etc. – qui traitent du thème de l’insomnie et de la nuit : éveil, réveil, travail de nuit, spécificités de la radio et de l’écoute nocturne, chrononormativité, solitude et isolement, intimité, expérience du temps dilaté, réappropriation du temps nocturne dans l’espace public. Quel est le potentiel de la radio nocturne lorsque l’éveil est accueilli plutôt que subi ? Peut-on écouter « avec » l’insomnie, plutôt que de lutter contre elle pour la productivité ? Pourquoi desserrer l’étreinte de l’insomnie quand on peut en serrer l’écoute ?

 

Pour plus d’informations et pour écouter les diffusions nocturnes, voir le site web de l’exposition et rendez-vous sur https://insomnia.radio.fm.

Sans titre (extrait du projet en cours, Lueurs oniriques)

Manon De Pauw, in collaboration with Pierre-Marc Ouellette

 

Musique : Nicolas Bernier; Interprètes : Karina Champoux et Philippe Dépelteau; Réalisation, caméra, montage : Manon De Pauw; Caméra additionnelle : Vickie Grondin et Sébastien Huot

Si nous étions dans un film, l’hypnotiseur entonnerait : « vos paupières sont lourdes ». Le monde se mettrait ainsi à vaciller devant les yeux du personnage, et devant ceux du public. Les œuvres de Manon De Pauw occupent souvent cette frontière ambiguë de l’entre-deux – entre l’ici et l’ailleurs, le matériel et l’immatériel, le fixe et le fluide – la zone des limites et des seuils. Ces frontières du sommeil sont connues comme étant les états d’hypnagogie (à l’endormissement) et d’hypnopompie (au réveil), mettant entre parenthèses la distinction entre le sommeil et l’éveil avec des confusions intensément créatives où un monde peut s’infiltrer dans un autre, comme lorsque la sirène d’un rêve s’avère être le réveille-matin.

 

Avec cette installation vidéo, De Pauw et son collaborateur Pierre-Marc Ouellette nous amènent là où le sommeil bouleverse les perceptions du monde quotidien. Lorsque le familier commence à s’étirer jusqu’à l’étrange, qu’est-ce qui change dans notre façon de nous orienter dans le monde ? Dans le rêve lucide – cette capacité qu’ont certaines personnes de prendre conscience d’elles-mêmes et du fait qu’elles rêvent tandis qu’elles sont endormies – il existe des astuces et des techniques. Se pincer pour vérifier si l’on a franchi le seuil du sommeil est l’une d’entre elles. Ici, De Pauw et Ouellette pincent le monde et vous permettent d’explorer les séquelles de telles distorsions.

Somnoler libremenent

doux soft club, kimura byol-lemoine, Nik Forrest, membres + collaborateurs du réseau de La sociabilité du sommeil Sociability of Sleep (SoS)

Dans un coin de la galerie se trouve un espace de repos, re-imaginé à partir d’une collaboration entre SoS, l’exposition DANCING LIGHTS THAT FLEW UP TO THE UNIVERSE de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, présentée par la Fondation Phi, et l’installation participative bleu de lieu du collectif d’artistes doux soft club. Installée à la Fondation Phi pendant une journée, en décembre 2022, Somnoler librement est née de notre rencontre avec des images de Kusama, assoupie dans l’univers de son propre travail.

 

Pour la plupart d’entre nous, le sommeil est une pratique quotidienne nocturne, une expérience liminale sujette à un perpétuel recommencement, dont nous sommes toutes et tous « experts ». En explorant les limites de la perception, du sensible et du réel, Kusama évoque les sensations éprouvées aux seuils de l’entrée et de la sortie du sommeil. Ses œuvres interrogent les manières de rendre vivables et partageables ces expériences liminales d’intensité et d’incertitude.

 

Dans Somnoler librement, nous vous invitons ainsi à expérimenter les frontières du sommeil et ses états hypnagogiques et hypnopompiques. Réaménagez à votre guise les « formes somnolentes » de doux soft club pour réimaginer les formes du repos. En parallèle, sur le moniteur vidéo, vous pourrez entendre des membres du collectif discuter de la place du sommeil, de la lenteur et du repos dans leur pratique artistique. Ces réflexions s’inscrivent dans le cadre du sous-thème « Repos durables » de l’exposition.

 

L’œuvre numérique Ovaries Dream de kimura byol-lemoine traduit une telle langueur, réunissant une jeune Kusama endormie dans sa propre sculpture souple et l’artiste Maïté Minh Tâm Jeannolin faisant la sieste sur l’île de Jeju. Dans l’air résonne la pièce Score for Staying Sleepy de Nik Forrest, une composition créée à partir d’enregistrements à très basse fréquence de l’atmosphère de la Fondation Phi et d’échantillons électroniques recueillis lors de la présentation magistrale d’Infinity Mirror Room de Kusama. Voilà qui nous amène à réfléchir aux sonorités du sommeil.

 

Vous trouverez également des histoires du soir écrites et illustrées par l’équipe de SoS, ainsi qu’un questionnaire sur le sommeil conçu comme une méditation sur la question suivante : Comment demeurer endormi?

 

Voir aussi : https://sociabilityofsleep.ca/events/how-to-stay-sleepy/.

 

Variations en zzz

Sandra Huber, Maude Trottier, Albertine Thunier, Michèle Barcena-Sougavinski

Ce qui fait le dormeur

Albertine Thunier, Michèle Barcena-Sougavinski + l’équipe de SoS

 

L’abécédaire du sommeil

Sandra Huber [anglais, saison 1] + Maude Trottier [français, saison 2]

 

Dans cet espace, nous vous invitons à méditer sur ce que vous savez du sommeil. InSomnolence est le fruit de deux années de recherche-création menées par une équipe interdisciplinaire, The Sociability of Sleep (SoS), laquelle a cherché différentes façons de mieux connaître le sommeil. Nous ne croyons pas qu’il existe un sommeil parfait, mais plutôt que, lorsqu’il s’agit de repos, nous devons tenir compte des différents rythmes et des différents besoins. En s’attardant au comment et au pourquoi du repos et en se demandant : « qu’attendons-nous du sommeil ? » nous avons développé les deux techniques suivantes pour composer (avec) le sommeil.

 

Ce qui fait le dormeur est un portrait visuel de nombreux membres de l’équipe SoS pour qui le sommeil est à la fois un intérêt professionnel et personnel. Nombre d’entre nous vivent le sommeil de façon non normative – il peut nous perturber comme il peut nous fasciner – et nous avons voulu cultiver ici une attitude d’attention et de curiosité à l’égard de nos habitudes de sommeil et de nos adaptations par rapport à celui-ci, aujourd’hui pourtant considérées comme allant de soi. Nous avons demandé à chacun d’apporter un objet qui représente, explique ou matérialise sa relation au sommeil ou sa subjectivité de dormeur ou de dormeuse : Quel élément de votre sommeil permettrait de mieux vous connaître ? Les réponses, documentées au moyen des photographies d’Albertine Thunier, sont transformées ici en archive du sommeil par Michèle Barcena-Sougavinski.

 

Quant à L’abécédaire du sommeil, il est une réponse créative à notre série de Salons du sommeil (en libre accès sur notre site web). Ces Salons réunissent des chercheurs et chercheuses de divers horizons autour de sujets tels que les bruits, les traumatismes, les rêves, la performance, l’histoire, etc. Les écrivaines Sandra Huber et Maude Trottier réimaginent ici les Salons à travers un glossaire subjectif du sommeil ; une conversation qui, comme le cycle du sommeil, n’est jamais terminée.

 

Vous voulez participer ?

Si vous le souhaitez, prenez une carte et laissez-nous un message : quelle est la chose qui vous définit le mieux en tant que dormeur ou dormeuse ? Quel mot-clé serait le plus approprié pour décrire votre relation au sommeil, et pourquoi ? Ces histoires seront projetées lors de notre finissage d’exposition, le 13 juillet 2023.

Photographie officielle par Paul Litherland (Studio Lux).